Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 mai 2022 7 29 /05 /mai /2022 17:26

François GEMENNE est chercheur à l’Université de Liège, professeur à l’Institut Politique de Paris.

Nous sommes dans une nouvelle ère géologique : l’Anthropocène

L’Anthropocène est une nouvelle période géologique dans laquelle nous sommes, caractérisée par le fait que l’homme est devenu la principale force de transformation de la planète. C’est la période  géologique des humains avec toutes les composantes de la crise écologique que nous connaissons et qui, malheureusement, est une transformation durable de la planète avec la trace ou l’empreinte durable que nous laissons notamment pour le climat.

Ayant transformé le climat pour des centaines d’années, il ne faut pas s’imaginer que nous pourrions retrouver le climat qui existait il y a 20 ou 30 ans.

La concentration atmosphérique des GES (Gaz à effet de serre) s’accélère : 280 ppm pendant des dizaines de milliers d’années – 337 ppm en 1981 – 420 ppm en 2020. L’enjeu est d’apprendre à freiner cette concentration des GES.

Pourquoi n’arrivons-nous pas à lutter efficacement contre le réchauffement climatique ?

La faiblesse de l’accord international de Paris (COP 21) est qu’il n’est pas contraignant au niveau de l’objectif de réduction des émissions : c’est une politique de promesses avec un manque d’actions. En additionnant les engagements nationaux des différents pays par rapport à l’objectif déclaré de l’accord de Paris à +1,5°C à +2°C, le compte n’y est pas. L’ONU dit même qu’en respectant les engagements gouvernementaux, on atteindrait quand même +2,7°C. Il va donc falloir revoir ces engagements à la hausse et surtout les respecter.

En restant sur la trajectoire actuelle, nous nous dirigeons vers un scénario à +4°C avec des impacts décuplés du changement climatique : Multiplication par 3 ou 4 des feux de forêts – Précipitations intenses et épisodes d’inondations multipliées par un facteur de 2 à 3 -  Dégradations des sols de plusieurs régions du monde notamment en Afrique subsaharienne où l’agriculture de subsistance est pratiquée par 1 famille sur 2.

Comment faire face à l’irréversible ?

Il faut d’abord accepter le fait qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Le changement climatique n’est pas une crise mais un changement irréversible. Il faut donc prendre conscience de la vulnérabilité humaine face aux évènements climatiques extrêmes.

25 entreprises dans le monde sont responsables de 50% des GES et les actions individuelles qui représentent 25 à 40% des GES sont nécessaires mais pas suffisantes sans leviers d’actions collectives. Le défi c’est mettre nos choix individuels en adéquation avec les choix collectifs. Le levier du financement est un facteur essentiel pour cela : diminuer et tendre vers 0 les subventions publiques aux énergies fossiles pour rendre concurrentielles les énergies renouvelables.

L’environnement est un tout. Ce n’est pas seulement s’occuper de la faune et de la flore. Il faut mener une politique sociale sur les questions écologiques pour éviter des injustices profondes comme celles qui ont déclenché la crise des Gilets jaunes.

Qu’est ce que l’écologie radicale ?

L’écologie radicale n’est pas une écologie qui interdit tout comme prendre l’avion. L’écologie radicale redéfinit les choix de société et indique que le modèle actuel d’organisation économique n’est pas durable car il se heurte aux limites physiques de la planète (cf. le jour du dépassement atteint de plus en plus tôt dans l’année).

Les personnes qui ont des leviers d’action appartiennent en général aux couches aisées de la population qui sont également les plus responsables du problème climatique. Plus de la moitié des GES proviennent des 10% de la population les plus riches et qui ne sont pas les premiers touchés. On a parfois l’impression que les impacts du changement climatique seront pour les autres et/ou pour les générations futures. Il faut aussi prendre conscience que les populations pauvres  risquent d’être défavorisées par les mesures de lutte contre le changement climatique : les technologies de riches sont inaccessibles aux plus défavorisés. Nous devons réagir en tant qu’Humanité entière et pas chacun séparément sinon le risque est d’aboutir dans des logiques surréalistes où chacun va chercher  à se protéger, lui et les siens.

Faire Humanité, c’est donc l’enjeu essentiel de l’Anthropocène et c’est la seule manière de gouverner l’irréversible.

La vidéo :

François Gemenne : "Une écologie radicale c'est une écologie qui redéfinit les choix de société" - Bing video

 

                                                                                                                                                Cocqueel.jeanpaul@bbox.fr

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Verlinghem Autrement
  • : L'objectif du blog est d'informer et de communiquer avec les Verlinghemmois; et d'inciter aux actions citoyennes du Développement Durable : une économie circulaire et collaborative, inspirée des écosystèmes naturels qui recyclent tout.
  • Contact

Recherche